221e anniversaire de l’indépendance : sobriété, mémoire et revendications

La célébration de la fête de l’indépendance a été réduite à la plus simple expression. comme c’était le cas les deux dernières années, ce 1er janvier 2025. Les héros de la nation n’ont même pas eu droit à une offrande florale au musée du panthéon national situé dans l’ère du Champ de Mars, non loin de l’Hôpital de l’université d’État d’Haïti où quatre personnes ont été tuées, dix blessées, après que des bandits aient ouvert le feu sur les locaux de l’hôpital le 24 décembre dernier.

Pas de décoration dans les quelques quartiers encore sous contrôle de l’État dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Pas de Te Deum. Pas de parades à la Villa d’Accueil qui sert de Palais aux neuf conseillers présidentiels. La nation n’a eu droit qu’à un discours de 17 minutes et 19 secondes du président du Conseil présidentiel de transition, Leslie Voltaire, le partage de la soupe de l’indépendance entre officiels et représentants du Corps diplomatique et consulaire et c’est tout.

Le président du CPT dans son discours de circonstance, a rappelé que l’indépendance d’Haïti est le fruit de l’unité entre les ancêtres pour combattre l’armée française. 

« Nous nous sentons fort réjouis de pouvoir célébrer en ce jour solennel ce 221e anniversaire de notre indépendance. C’est l’occasion pour nous d’exprimer toute notre fierté de peuple pour cette liberté acquise par nos ancêtres qui ont su briser les chaînes de l’esclavage en déclarant avec courage notre pays indépendant, libre et souverain. C’est l’occasion pour nous d’honorer les sacrifices consentis par les ancêtres pour fonder une nation sur les principes de liberté, d’égalité et de fraternité », a déclaré le président du CPT.

Leslie Voltaire a cependant reconnu que l’héritage légué par les héros de l’indépendance au prix de longs combats, connaît des crises interminables depuis plusieurs années. « L’avenir de cette indépendance si chèrement acquise est sérieusement menacé », a indiqué le président du CPT.

2025, bicentenaire de la dette de l’indépendance 

L’année 2025 ramène les deux cents ans depuis que la France, sous la menace, a obligé Haïti à payer une somme colossale pour les routes, les infrastructures de plantations établies par les colons, a rappelé M. Voltaire.

« En avril 1825, la France par le truchement de l’ordonnance de Charles X à imposer à Haïti le versement d’une forte indemnité pour la reconnaissance de sa liberté dûment acquise par la détermination et le courage de ses valeureux ancêtres », a mis en avant le président Voltaire.

« Cette injustice inqualifiable, constitue une meurtrissure qui ne cesse de hanter notre mémoire. Et, malheureusement, le paiement de cette rançon a contribué à compromettre de manière significative les perspectives d’Haïti », a souligné le président.

En ce qui concerne la restitution de la dette de l’indépendance appelée « la double dette », le président Voltaire ne mâche pas ses mots. « Haïti réclame la restitution de cette rançon et la réparation des tors causé par l’esclavage, reconnu depuis des années comme un crime contre l’humanité. En d’autres termes, ce n’est pas une simple revendication mais une nécessité pour que notre nation puisse retrouver la voie de la prospérité et du respect », a exigé le président du CPT, invitant les associations, les organisations internationales, les artistes à travers leurs voix et leurs engagements à faire entendre cette exigence 

« L’heure est venue de réécrire notre histoire économique tout comme nos ancêtres ont écrit l’histoire de notre liberté », a-t-il martelé.

Sur le réseau social X, l’Ambassade de France en Haïti a souhaité une belle fête de l’indépendance à toutes les Haïtiennes et à tous les Haïtiens. « L’Ambassade saisit cette occasion pour réitérer son engagement à soutenir le peuple haïtien et la transition politique à travers la Police nationale d’Haïti, les Forces Armées d’Haïti et la Mission multinationale d’appui à la sécurité afin de rétablir la sécurité et la paix en Haïti », écrit l’Ambassade.

La commémoration du 221e anniversaire de l’indépendance a été célébrée en présence de cinq des neuf membres du CPT, des grands commis de l’État et des représentants du corps diplomatique et consulaire. Il n’y a pas eu de présence remarquée des représentants de la classe politique, encore moins les représentants des secteurs qui ont désigné des délégués au Conseil présidentiel de transition.

Par Jean Junior Celestin

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