La situation sécuritaire fragile du pays, malgré le calme apparent depuis quelques semaines, affecte le système de santé haïtien de diverses manières. Selon le Dr Jean William Pape, les centres GHESKIO ont enregistré, depuis le 29 février 2024, un taux de perdition de 20% de personnes enrôlées dans le programme de lutte contre le VIH/SIDA et la tuberculose.
Ce n’est pas la première fois que l’insécurité force les centres GHESKIO à élaborer de nouveaux plans afin de ne pas perdre les acquis des 25 dernières années dans la lutte contre les maladies infectieuses, notamment le VIH/SIDA et la tuberculose.
“Depuis le blocage de Martissant, nous avons mis en place une dizaine de sites de prise en charge du VIH/SIDA et de la tuberculose. Au sud de Martissant, nous avons 4 000 patients qui sont pris en charge régulièrement”, a confié le Dr Jean William Pape, directeur exécutif des centres GHESKIO dans une entrevue accordée au Nouvelliste.
Ce plan de résistance des centres GHESKIO est possible grâce à un système qui gère les dossiers de manière électronique permettant aux professionnels de la santé d’intervenir à n’importe quelle distance au bénéfice des patients. Ce système travaille en étroite collaboration avec IMIS à Tabarre comme centre de référence pour les cas graves.
Parmi les 20% de patients perdus de vue par le service de suivi des centres GHESKIO, certains sont dans les villes de province fuyant l’insécurité à Port-au-Prince, d’autres habitent des territoires perdus, informe le Dr Jean William Pape.
Toutefois, le spécialiste en maladies infectieuses dit avoir reçu depuis plusieurs jours beaucoup d’appels de patients qui souhaitent la reprise des activités au centre-ville de Port-au-Prince.
“De notre côté, nous avons pris en interne toutes les dispositions pour une reprise des activités à tous les niveaux. Cependant, les voies d’accès sont toujours barricadées et la résolution de cette situation ne dépend pas de nous.
Il faut souligner également que nous continuons d’offrir les mêmes services aux patients qui habitent dans les zones avoisinantes, notamment à travers notre clinique choléra à Village-de-Dieu”, a fait savoir le Dr Pape.
Durant l’entrevue, le Dr Pape ne cesse de rappeler qu’en plus des maladies infectieuses, les maladies cardio-vasculaires tuent beaucoup de gens en Haïti et que ne pas pouvoir fournir des soins aux patients qui étaient enrôlés dans les centres GHESKIO au centre-ville le préoccupe profondément.
“De manière générale, même si on ne peut pas encore mettre des chiffres sur les dégâts, je constate qu’il y a un grand recul par rapport aux progrès constatés ces 25 dernières années dans la lutte contre le VIH/SIDA et la tuberculose”, a révélé le Dr Jean William Pape, avant d’ajouter que l’amélioration de la situation sanitaire doit passer par une amélioration de la situation sécuritaire.